Au-delà de ses qualités techniques, la Citroën 2CV a joué un rôle déterminant dans la transformation du paysage socio-économique français d’après-guerre. Lancée en 1948, elle est arrivée à un moment où la France rurale et les petites villes avaient un besoin criant d’un moyen de transport individuel, fiable et accessible.
La 2CV n’était pas un produit de luxe, mais un véritable outil de travail et d’émancipation, offrant aux agriculteurs, aux artisans et aux familles modestes une mobilité jusqu’alors réservée aux classes aisées. Grâce à son coût d’achat minimal et sa maintenance aisée, elle a ainsi participé activement à la démocratisation de l’automobile en France et au-delà.
La polyvalence de la 2CV a été rapidement exploitée à travers ses nombreux dérivés. La 2CV Fourgonnette (AU/AZU) est devenue le véhicule utilitaire indispensable des petits commerçants et des services publics, symbolisant l’effort de reconstruction et l’essor économique des “Trente Glorieuses”. Plus tard, des modèles comme la Méhari ont élargi son champ d’action au loisir et à l’usage militaire. La très rare 2CV Sahara, avec ses deux moteurs et sa transmission intégrale, démontrait quant à elle son potentiel technique et sa capacité à s’adapter aux terrains les plus inhospitaliers.

Son influence a également dépassé les frontières de l’Hexagone. Produite ou assemblée dans de nombreux pays (dont la Belgique, l’Espagne, le Portugal et l’Argentine), elle a adapté son rôle social et économique aux réalités locales, devenant un symbole de liberté et d’anti-conformisme sur plusieurs continents.
Aujourd’hui, la 2CV est davantage une pièce de collection qu’un véhicule utilitaire, mais son héritage perdure. Elle reste la preuve qu’une voiture peut être à la fois simple, fonctionnelle, et devenir un phénomène culturel mondial. Son histoire est intrinsèquement liée à celle de la modernisation de la société, consolidant son statut d’icône automobile dont la portée dépasse largement le cadre de l’ingénierie.

